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salon de Carhaix

 
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Auteur Message
Jean Failler



Inscrit le: 15 Sep 2005
Messages: 264
Localisation: Bretagne

MessagePosté le: 02 Nov 2010, 19:06    Sujet du message: salon de Carhaix Répondre en citant

Voici une petite relation de mon salon du livre à Carhaix.
On en voit ( et on en entend) des choses sur les salons !
Bonne lecture !


Salon du livre de Carhaix

Le salon du livre de Carhaix s'ouvre traditionnellement les deux derniers jours d'octobre, c'est à dire juste avant la Toussaint.
Cette manifestation est un peu particulière puisqu'elle se déroule à une saison où le touriste se fait rare et, de surcroît, en centre Bretagne, un lieu qui n'attire pas les foules estivales, et elles ont bien tort car c'est une contrée pleine de charme et de mystère.
On ne présente plus la ville de Carhaix, depuis plusieurs années son festival des Vieilles Charrues l'a fait connaître à l'Europe tout entière.
Je suis ce festival depuis ses origines, lorsqu'il était tout modestement installé sous un petit chapiteau un peu à l'écart de la ville.
Ensuite il s'est rapprochée du centre, encore sous chapiteau et, le succès venant, il s'est transporté près du château de Kerampuil, toujours sous chapiteau.
C'est à Kerampuil d'ailleurs qu'une année nous avons été été pris sous un coup de vent de grande amplitude (au moins foce huit !) qui a manqué d'emporter les toiles. Ce jour là il était prudent d'avoir une bonne paire de bottes dans la voiture, sous peine de se trouver embourbés juqu'aux genoux avant d'arriver à la salle.
Mais ceci n'est plus qu'un pittoresque souvenir d'ancien combattant puisque désormais le salon s'abrite dans la magnifique salle dédiée à Glenn Mor, que les parkings sont parfaitement bitumés et on ne risque plus d'avoir les chaussettes humides.
Cette année, le beau temps était de la partie et, sous le soleil la route qui joint Carhaix à la voie express Quimper-Brest est un enchantement. On traverse des bois teinté de tous les tons du roux par l'automne, on suit pendant un temps le paisible canal de Nantes à Brest avant d'arriver à la vieille cité de Carhaix.
Vieille de par son histoire, puisque cette ville gallo romaine fut en des temps reculés le carrefour des voies romaines, puis royales, mais, en dépit de son grand âge, ne la croyez pas endormie ! Ce serait une grave erreur. Les Carhaisiens du XXIe siècle ont hérité du dynamisme de ces irréductibles gaulois qu'Uderzoo et Goscinny ont rendus célèbres.
Peuple frondeur, gouailleur, rigolard et dynamique, ils ne font plus des banquets de sangliers le soir autour du feu car les sangliers se font rares, mais ils le remplacent avantageusement par d'excellents cochons élevés à proximité et qu'ils savent accommoder de toutes les manières. Et quand l'Ambroisie et la cervoise font défaut, ils lui substituent leur désormais célèbre bière Coreff, un cru du terroir s'il en est, qui ne craint la comparaison d'aucune autre production, fut-elle anglaise, allemande ou belge.
Vous l'aurez compris, c'est un pays où il est difficile de mourir de faim, et encore moins de soif. Et, quand le barde veut chanter, il est difficile de le faire taire surtout quand sa voix est relayée par les sonos géantes des célébrissimes Vieilles charrues.
Mais laissons-là ces arar kozh puisque ce n'est pas notre propos, et revenons à nos moutons, c'est à dire au livre.
Le salon de Carhaix est une des plus belles vitrines de la littérature régionale et celtique, une manifestation où l'on croise la fine fleur des littérateurs bretons.
Comme je l'ai dit plus haut, rares sont les plumitifs de la capitale qui se risquent en ces temps de bourrasques a venir sentir la vraie Bretagne de près, comme sont rares les auteurs bretons qui font l'impasse sur cette belle assemblée.
On est donc entre nous, et ça se passe très bien.
Les visiteurs viennent souvent de loin. J'en revois tous les ans régulièrement qui arpentent les allées, la mine gourmande avec leur moisson de lectures hivernales, de celles qu'on savoure au coin du feu quand
le grand vent d'automne
Grave et monotone
Dans la nuit chantonne
Son air triste et doux…
comme disait si bien le bon Théodore (Botrel).
Les rencontres sont toujours sympathiques, elles permettent des échanges avec les lecteurs et ces échanges sont parfois surprenants.
Je vais vous raconter comment une dame m'a cueilli à froid, et vous allez voir que l'expression trouve ici tout son sel.
Elle reste campée devant la pile des Mary Lester posée sur ma table pendant de longues minutes, avançant, reculant, semblant sur le point de dire quelque chose, puis se retenant… Je mets ça sur le compte de la timidité. Certains lecteurs (et certains auteurs aussi d'ailleurs, mais rassurez-vous je n'en suis pas) certains lecteurs donc, disais-je, semblent penser que les écrivains sont des êtres surnaturels descendus de l'Olympe le temps d'un salon littéraire. Je décide de faire le premier pas.
— Vous connaissez cette série, madame ?
Elle m'envisage avec des yeux ronds, pose brutalement l'index sur la pile de bouquins et déclare abruptement :
— Celui qui a écrit ça, il est mort !
C'est à mon tour d'ouvrir de grands yeux.
— Ah bon ?
Et je me souviens d'un titre de roman policier qui m'avait marqué : "C'est mort et ça ne sait pas". Je me pince discrètement la cuisse droite (la plus sensible) en me disant, je suis peut-être mort, après tout, et je ne le sais pas.
Et puis je me reprends :
— Pourtant, il bouge encore !
Elle me regarde sans aménité et redit, péremptoire :
— Non, je vous dis qu' il est mort !
Puis elle disparaît dans la foule, me laissant à mon ébahissement.
Bigre, je vous l'avais dit, ça jette un froid ! Heureusement, d'autres lecteurs arrivent, qui ne me regardent pas du tout comme un fantôme. Ça me rassure un peu.
Deux petites dames passent. J'envoie la question de confiance :
— Vous connaissez ?
L'une d'elles affirme tranquillement :
— Évidemment, c'est ma nièce !
Je m'étonne :
— Votre nièce ?
— Parfaitement, la fille de ma sœur.
— Votre sœur ?
Elle me regarde comme si j'étais un demeuré et confirme avec aplomb :
— Parfaitement !
Je m'exclame :
— Du diable, je ne savais pas que j'avais couché avec votre sœur !
Elle rougit, sa petite bouche se pince et elle jette, offensée :
— Monsieur, cette plaisanterie n'est pas du meilleur goût !
Je le reconnais humblement :
— Non, mais à mon âge, on a parfois des pertes de mémoire.
Elle se cabre :
— Pourquoi dites-vous ça ?
— Parce que si j'ai couché avec votre sœur et que je ne m'en souviens plus, c'est d'une part offensant pour elle, d'autre part inquiétant pour moi.
Là, elle se fâche :
— Mais que viennent faire vos affaires de coucheries là-dedans ?
Je prends un air penaud, mais en réalité je me marre bien.
— J'ose en parler parce que, d'habitude, c'est en couchant avec une femme qu'on fait des enfants.
— Mais ma sœur est mariée, monsieur.
— Ah, dis-je accablé, en plus il y a un cocu ?
Cette fois, c'en est trop :
— Monsieur, vous êtes un malotru, un grossier personnage ! dit-elle, rouge de colère.
Je ne la contrarie pas :
— C'est possible, mais dites-moi, cette photo, qui l'a prise ?
Elle hausse ses étroites épaules :
— Est-ce que je le sais ?
— Vous l'ignorez ?
— Evidemment !
— Alors, je vais vous le dire : c'est moi !
Elle en reste muette quinze secondes :
— Mais… pourquoi avez-vous photographié ma nièce ?
Elle commence à me gonfler, la dame !
J'articule d'une voix un peu durcie par l'agacement :
— Parce que ce n'est pas votre nièce, c'est MA fille !
Devant ce dialogue digne de Devos, les gens qui attendent commencent à rigoler.
La dame se dresse sur ses ergots, me foudroie du regard et tourne les talons. Elle fait six pas dans l'allée, s'arrête net et me jette, d'un ton qui n'admet pas de réplique :
— C'est ma nièce !
Puis elle disparaît. Mince, que se passe-t-il aujourd'hui ? Qu'est-ce qui m'attend encore ?
Cette fois, c'est un monsieur. la bonne soixantaine pourvu d'une longue barbe blanche en fer de bêche qui lui descend presque jusqu'au nombril et qui lui donne un air de prophète.
Il regarde la pile de Mary Lester de ses bons yeux bleus attendris, et me dit avec une fierté mâtinée de regrets en caressant les couvertures de la main :
— Je les ai tous !
Je suis très flatté quand on me dit ça. Des gens qui vous achètent 35 bouquins à la file, ce n'est pas rien. C'est vraiment ce qu'on peut appeler des fidèles.
Il ajoute d'un air désolé :
— Alors, je ne peux rien vous acheter !
— Non, dis-je, mais moi, je peux vous faire un cadeau.
Je lui tends le recueil de nouvelles que nous avons édité, et qui ont été écrits par des fans de Mary Lester. (Avec, comme héroïne… Mary Lester. D'ailleurs, ça s'intitule "À la manière de… Mary Lester")
Il prend le bouquin, en paraissant ne pas en croire ses oreilles et me demande, plein d'espoir :
— Vous me mettrez tout de même un petit mot dessus ?
Qu'est-ce qu'il croit ? que je fais de la rétention d'autographes ? Je le rassure :
— Avec plaisir, d'autant que, dans le lot, il y en a une que j'ai écrite et signée d'un pseudonyme. Saurez-vous la reconnaître ?
Il ne se mouille pas :
— Je vais voir.
Je demande :
— Et à qui s'adresse la dédicace ?
Il me dit, très sérieux :
— Mettez à Neptune.
J'ai un temps de surprise : Décidément, cette année j'en vois de toutes les couleurs, à Carhaix !
— C'est votre prénom ?
— Non, je m'appelle Roger… Mais j'étais docker au port à Brest et tous les copains m'appelaient Neptune. La barbe, probablement…
Probablement… 
Quand même, lorsque je fais le bilan de ce salon de Carhaix je ne suis pas déçu : j'ai appris (d'une personne qui paraissait autorisée) que j'étais mort, d'une autre que j'avais couché avec une dame de grande vertu que je ne connaissais pas, et j'ai fait une dédicace à Neptune.
Qui dit mieux ?
Bien cordialement vôtre,

Jean Failler
_________________
Auteur des enquêtes de Mary Lester
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Jean-Claude Colrat



Inscrit le: 10 Sep 2006
Messages: 552
Localisation: Orléans

MessagePosté le: 02 Nov 2010, 22:14    Sujet du message: Répondre en citant

C'est toujours un régal de lire ces compte-rendu... espérons que je ne sois pas le seul à le lire sur ce forum décidemment en pleine létargie !
_________________
amicalement à toutes et à tous. JCC
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GeorgesS



Inscrit le: 14 Sep 2005
Messages: 359
Localisation: 06700 St Laurent du Var

MessagePosté le: 03 Nov 2010, 12:48    Sujet du message: Répondre en citant

Non, tu n'es plus le seul, Jean-Claude ! Je me suis régalé aussi. De plus ça m'a rappelé d'excellents souvenirs puisque l'an dernier j'avais pu rencontrer Jean à ce salon (et je confirme qu'il sait recevoir, sans pour cela faire salon !) et lui présenter Manon. Qui était repartie avec un livre-cadeau. J'avais aussi fait la connaissance d'auteurs édités au Palémon, qui m'ont avec beaucoup de gentillesse dédicacé leurs livres (J.Paul Birrien, J.Luc Le Pogam, …)
Manon avait même participé à l'atelier peinture et avait tenu à retourner voir Jean pour lui offrir une de ses "œuvres" !

Pour le forum, il se peut que les vacances aient éloigné certain(e)s et que dès leur retour ils vont en avoir à nous raconter !

A bientôt donc pour les réponses !!
Bien amicalement,
Georges
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alain grandil



Inscrit le: 09 Sep 2006
Messages: 892
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MessagePosté le: 04 Nov 2010, 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours savoureux, les carnets de voyages de Jean !
C'est fou ce que l'on peut se dire en rencontrant les gens dans des salons ! Nous en avons la preuve au travers de ce récit truculent...
Ici, on n'est pas loin du théâtral, du vaudeville ; ça fait sourire, on croit y être... Quelle ambiance !
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alain grandil



Inscrit le: 09 Sep 2006
Messages: 892
Localisation: entre Metz et Luxembourg

MessagePosté le: 05 Nov 2010, 22:38    Sujet du message: Répondre en citant

Je me souviens bien de ton passage à Carhaix lors du salon 2009, Georges ! Tu y avais pris de belles photos avec Jean, Jean-Paul Birrien ! Tu m'avais aussi parlé de Jean-Luc Le Pogam avec qui j'ai sympathisé depuis... De bons souvenirs !
J'envisage de faire un voyage en Bretagne au printemps prochain...
On n'oublie jamais ses racines !
Bien à tous,
Alain
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