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La venelle du Pain Cuit
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Auteur Message
Nicolas Hellec
Administrateur


Inscrit le: 27 Mar 2005
Messages: 475

MessagePosté le: 27 Nov 2008, 10:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bibifri a écrit:
Le venelle du pain cuit, j'en ai assez facilement trouvé l'emplacement, mais cette fois-ci je ne "balance" pas l'info Wink

J'ai rapidement lancé une recherche sur Mappy l'autre jour et j'y ai rapidement trouvé le venelle également.
Par contre, j'ai rarement mon PC sur moi quand je me promène dans les rues de Quimper.
Et comme je vous l'ai dit, je n'ai jamais fait de recherche assidue, sans même chercher sur un plan de ville comme on en trouve derrière les panneau publicitaires.
C'est juste quand je me promène que je me pose la question "tiens, elle doit être par où la venelle ?", rien de plus. Mais il faudrait que j'y aille une fois quand même !
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Jean Failler



Inscrit le: 15 Sep 2005
Messages: 264
Localisation: Bretagne

MessagePosté le: 27 Nov 2008, 16:16    Sujet du message: Répondre en citant

La venelle du Pain Cuit
(anciennement venelle Baranilat, puis ar Fourn Vraz (le grand four)
Cette dénomination rappelle que le four ducal, chauffé au bois, précédait voici dix siècles les cinq boulangeries qui faisaient de ce quartier aujourd'hui tranquille, le quartier du pain.
Il n'en reste plus que deux et, l'une d'entre-elles, continue de cuire au bois devant les clients s'il vous plaît !
Je me souviens en mon enfance, j'étais à la maternelle toute proche (aujourd'hui transformée en HLM où habite Amandine Trépon), tout le quartier était embaumé par la douce odeur du pain chaud quand les boulangers défournaient.
Je parle d'un quartier aujourd'hui tranquille car il n'en fut pas toujours ainsi.
Le cabaret que certains d'entre vous ont reconnu sous l'enseigne (virtuelle) de "Au bon Coin", abritait autrefois un cabaret de fort mauvaise réputation portant le doux nom de Baradoz Bihan (petit paradis) car il était autrefois accolé à une petite chapelle (aujourd'hui disparue) dite du Paradis.
Entre les deux guerres l'endroit fut rebaptisé "le petit Tagne", clin d'œil facétieux au Grand Café de Bretagne qui était alors l'endroit chic de Quimper. Avant que le cinéma n'ait droit de cité, le propriétaire de ce Grand Café de Bretagne, tendait un drap entre les marronniers bordant l'Odet et projetait les premières facéties de Méliès et des frères Lumière.
Il y avait également en permanence un orchestre de trois ou quatre femmes pour égayer les soirées des bons bourgeois de Quimper.
Rien de commun donc avec le Petit Tagne, bouge assez infâme où la faune de la halle, les clochards et les charretiers venaient s'abreuver de gros vin rouge. Car on n'y vendait que du vin rouge, contenu dans des tonneaux appuyés à un mur.
Le bar était composé de deux madriers posés sur deux barriques, la plonge se faisait dans un seau de fer blanc dont on changeait l'eau deux ou trois fois par semaines selon l'humeur de la patronne.
Cette accorte personne était connue sous l'aimable nom de Mimi baise bien (tout un programme).
Pour prévenir les querelles autour d'un verre un instant posé sur le comptoir, Mimi avait imaginé de servir sa pratique dans des verres à pied sans pied. (Elle les avait brisés, tout simplement, ainsi on ne pouvait pas les poser avant de les avoir vidés).
Si vous voulez savoir comment je sais tout ça, c'est que, bien qu'on nous le défendît formellement, (il y avait d'autres accès plus séants pour aller à l'école) nous passions chaque jour devant l'antre avec un délectable frisson de terreur pour aller en classe.
Je me souviens qu'à la porte, un blaireau naturalisé dressé sur ses pattes de derrière servait de porte parapluie et nous fixait méchamment de ses yeux rouges.
En regagnant la classe se sœur Angèle, une sœur blanche qui tapait sur les têtes dissipées avec un long bambou, nous avions l'impression d'être passés devant une des bouches de l'enfer.
Quand Mimi eut rejoint le paradis des taulières de bouges, l'établissement fut repris par une autre personne haute en couleur, la Douarn ainsi nommée parce qu'elle venait de Douarnenez. Le petit Tagne devint alors la Chamade et les étudiants de l'école des Beaux Arts toute proche en firent leur quartier général.
"l'homme" de la Douarn était tueur aux abattoirs et, lorsque les artistes menaient trop grand tapage, il descendait de ses appartement en tricot de corps (pour faire voir ses muscles), un nerf de bœuf à la main et flanqué de deux bouledogues qui avaient presque une aussi sale gueule que leur patron, mais qui étaient surtout redoutables pas les puces qu'ils flanquaient partout.
Puis la Douarn, ruinée à force de servir des clients aussi assoiffés qu'impécunieux, mit à son tour la clé sous la porte.
Le bar devint alors un établissement de nuit La Mandarine, où se donnaient des soirées de cabaret très suivies.
Il changea plusieurs fois de mains avant que le dernier propriétaire n'ait des déboires avec la brigade des stups.
Aujourd'hui, ce passé tumultueux est bien oublié. La salle où tant d'orgies, tant de rixe, tant de cuites monumentales eurent lieu est devenu une très grande et très belle bibliothèque.
Pardonnez moi d'avoir été si long, mais j'ai pensé que vous auriez été intéressé par l'histoire de la maison qu'habite Mary Lester, cette jeune et entreprenante personne ne saurait en effet vivre en un lieu banal et sans histoire.
Bien à tous,
J. Failler
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alain grandil



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Messages: 892
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MessagePosté le: 27 Nov 2008, 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne pense pas pour ma part qu'il y ait lieu de se faire pardonner d'avoir été long pour raconter une si passionnante histoire. Ah, si les pierres et les murs pouvaient parler !
Pour ma part, j'ai bu du petit lait en lisant cette série d'anecdotes toutes plus captivantes, les unes que les autres !
Merci Jean !
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Nicolas Hellec
Administrateur


Inscrit le: 27 Mar 2005
Messages: 475

MessagePosté le: 27 Nov 2008, 18:02    Sujet du message: Répondre en citant

Décidément, même une telle anecdote est racontée avec talent par Jean, avec ce souci du détail qui fait qu'on voit parfaitement la scène.
J'espère avoir plus tard de tels souvenirs de ma ville natale également.
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Jean-Claude Colrat



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Messages: 552
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MessagePosté le: 27 Nov 2008, 18:29    Sujet du message: Répondre en citant

Alors là, des messages comme celui de Jean, on en redemande Wink Wink
Je pense qu'il a plein d'anecdotes à nous raconter...
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amicalement à toutes et à tous. JCC
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Jean Failler



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MessagePosté le: 27 Nov 2008, 22:58    Sujet du message: Répondre en citant

Alors, puisque vous acceptez un complément d'informations, je vous livre quelques précisions au sujet de la venelle du Pain Cuit.
Lorsque la Douarn', au bout du rouleau voulut vendre son estaminet, il se trouva que je passai dans la venelle. Elle m'apostropha car je la connaissais un peu : achète moi mon bar !
Par plaisanterie je demandai : "combien ?" elle me donna un chiffre et, comme je n'avais pas du tout l'intention de me lancer dans la limondade, je dis, manière de plaisanter : "je t'en offre la moitié !"
Le soir même, elle était chez moi : "la moitié ? c'est d'accord !" Ne pouvant me dédire, je me trouvai donc propriétaire d'un fond de commerce du bistrot le plus mal famé de Quimper.
Comme je l'ai dit j'en fis un cabaret où des artistes se produisaient et ça marcha fort bien. La Mandarine était devenue une institution quimpéroise. Je ne vous citerai pas les illustres qui défilèrent devant son comptoir, champions cyclistes, vedettes de cinéma et même un jeune énarque, attaché de préfecture qui devait devenir quelques années plus tard un jeune premier ministre.
Il y eut également un restaurant dans le jardin.
Cependant ce n'était pas un monde pour moi : trop de bruit, trop de fumée, trop de frime ; je le revendis cinq ans plus tard. Plusieurs autres propriétaires se succédèrent dont le dernier, Monsieur Belleverge (ça ne s'invente pas) vit l'établissement fermé par autorité administrative.
Dès lors le propriétaire des murs se trouva plongé dans une situation inextricable : son locataire ne lui payant plus de loyer il ne pouvait plus entretenir l'immeuble, il me proposa de l'acheter et comme il était en très mauvais état le prix n'en fut pas excessif.
Comme je venais d'être licencié et que j'avais des loisirs, je refis entièrement la maison du sol au toit pensant y habiter au temps de ma retraite. Mais voilà, je trouvais à l'île-Tudy la maison dont j'avais toujours rêvé (que je refis également entièrement) et ce fut donc Mary Lester qui hérita de cette charmante petite maison.
(et je ne suis toujours pas en retraite !)
Bien à tous,
J. Failler
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alain grandil



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MessagePosté le: 27 Nov 2008, 23:14    Sujet du message: Répondre en citant

Incroyable, cette histoire ! Et pourtant, du vécu ! C'est assez phénoménal et j'aime beaucoup ce genre de récit !
Noch ein mahl, merci Jean pour ces formidables anecdotes !
Alain
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Nicolas Hellec
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Messages: 475

MessagePosté le: 28 Nov 2008, 15:25    Sujet du message: Répondre en citant

En effet, c'est incroyable !
Qui aurait cru que derrière cette habitation se cachait ces anecdotes ?!

Merci beaucoup, Jean, de les partager avec nous.
(on n'aura pas su cependant comment s'est passé la transaction entre Jean et Mary Laughing)
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Jean Failler



Inscrit le: 15 Sep 2005
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MessagePosté le: 28 Nov 2008, 19:25    Sujet du message: Répondre en citant

À Nicolas :
Comme entre un père et sa fille.
J. Failler
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